Madonna- Pop Confessions: Chapter 3 – Disco Girl
Madonna, Pop Confessions – Daniel Ichbiah
Excerpt from Chapter 3 – “Disco girl”
? City Editions, 2006
Le rock, ? la Pat Benatar ? Ce n’est pas la tasse de th? de Madonna. S’il est une tendance ? laquelle elle adh?re spontan?ment, c’est la sc?ne dance qui s’est mise ? fleurir dans la ville de New York. Elle s’y sent comme un poisson dans l’eau.
Dans le monde des night-clubs, les personnages cl?s sont les DJ. Ils ont pouvoir de vie ou de mort sur la
carri?re d’une chanson. Si l’un d’eux programme ? outrance un titre, il se trouve toujours une maison de
disque pour sortir le 45 tours correspondant. Madonna en a conscience et fait son possible pour se faire
conna?tre aupr?s de la population des clubs. Une fois qu’un DJ a mordu ? l’hame?on, Madonna d?ploie son arme
secr?te : des cassettes de d?monstration o? elle chante sur des beats marqu?s.
Les chansons de Madonna ont ?t? enregistr?es ? l’aide de son ami Steve Bray sur un magn?tophone ? 4 pistes.
Parmi les chansons, figurent ? Everybody ? et ? Burning up ? qu’elle a elle-m?me ?crites et aussi ? Stay ? et
? Ain’t no big deal ?. Pour les faire conna?tre, elle se produit de temps ? autres sur certaines sc?nes
underground. Elle commence ? acqu?rir une r?putation de chanteuse extr?mement sexy, attirant une client?le
branch?e et subversive.
Pour attirer l’attention des DJ, Madonna peut compter sur l’allure qu’elle a instinctivement ?labor?e, ?
partir d’influences punk et glam-rock. Elle se pla?t alors ? superposer les tenues multicolores, combinant
toutes sortes d’articles achet?s dans les boutiques r?cup?rant des v?tements aux prix les plus bas. Le soutien
gorge noir, les foulards nou?s ? la ceinture, les gants blancs, les m?ches teintes, les bracelets et bijoux de
pacotille font partie d’une panoplie qui est en train de faire ?cole. Elle aime par ailleurs m?chonner un
chewing-gum. De plus, comme elle d?borde d’?nergie et qu’elle est encline ? se d?hancher d’une mani?re
extravagante ou provocante, elle capte ais?ment l’attention des clubbers et de ceux qui assurent la
programmation musicale.
? force de patrouiller dans les clubs de danse de New York, Madonna a r?ussi ? se faire embaucher au
vestiaire du Danceteria o? op?re un fameux DJ, le d?nomm? Mark Kamins. L’un des employ?s du club Danceteria
dira plus tard d’elle : ? c’?tait un missile thermo-guid? en qu?te des DJ’s les plus hot. ?
Lors d’une pause, la petite chanteuse se glisse jusqu’? la cabine de Kamins et lui demande de programmer ?
Everybody ?, affirmant sans d?tour que tout le monde va l’adorer. Kamins demeure sur sa r?serve mais emporte
la d?mo ? son domicile pour l’?couter tranquillement. Il en appr?cie l’entrain de la chanson et juge opportun
de la programmer au Danceteria. D?s le lendemain soir, il peut juger sur pi?ce de son impact festif sur les
danseurs. Le DJ est s?duit ? plus d’un titre. En premier lieu, Madonna l’impressionne par son m?lange d’audace
et de na?vet? :
? Elle avait son style ? elle, le nombril toujours ? l’air, sa brassi?re en r?sille et ses bas. ?
De plus, sa voix a quelque chose d’unique. Or, Kamins a ?t? charg? d’une mission de recherche de talents par
le d?nomm? Seimour Stein du label Sire Records.
Seimour Stein a co-fond? la maison de disque Sire Records, en compagnie du producteur Richard Gottehrer en
1966. Le patriarche op?re selon une philosophie : ? trouver de bons artistes avec de bonnes chansons ?. C’est
ainsi qu’il a mis la main sur des groupes tels que les Ramones et Talking Heads. Parmi ses faits de gloire se
trouve aussi d’avoir diffus? ? ?a plane pour moi ? de Plastic Bertrand aux USA.
Il se trouve que Seimour Stein est un grand admirateur de Mark Kamins. ? Quel que soit le club o? il op?rait
en tant que DJ, je m’arrangeais pour ?tre l?. ? Il s’av?re alors que Mark Kamins ambitionne de devenir
producteur. Stein n’a qu’une objection ? chose :
– ?coute, Mark, je pourrais te pr?senter certains de mes artistes. Mais ? mon avis, ils ne voudront pas
travailler avec toi, sous pr?texte que tu n’as produit personne auparavant. Je ne vois donc qu’une solution :
il faut que tu trouves toi-m?me tes poulains.
Stein a allou? un budget ? Mark Kamins afin qu’il puisse lui rapporter des maquettes de six artistes
diff?rents. La quatri?me d?mo qui lui est pr?sent?e est celle de Madonna qui chante la chanson ? Everybody ?.
Nous sommes en avril 1982 et, Stein se trouve ? l’h?pital Lenox Hill, oblig? de garder la chambre pour un
goutte ? goutte de p?nicilline. En l’attente de son r?tablissement, Mark Kamins fait d?couvrir Madonna ?
Michael Rosenblatt, directeur artistique chez Sire Records.
Au cours de la soir?e du samedi, Rosenblatt se pr?sente au Danceteria en compagnie de George Michael et Andrew
Ridgeley du groupe Wham! qui sont de passage ? New York. Il d?couvre alors Madonna sur le vif.
? Au d?part, je croyais que c’?tait juste une fille avec qui Mark Kamins avait une liaison. Je suis arriv? au Danceteria et j’ai alors vu cette fille qui se dirigeait vers la cabine du DJ. Elle avait un look similaire ? du film Recherche Susan d?sesp?r?ment, ? raconte Rosenblatt, faisant r?f?rence au style vestimentaire qui est alors la marque distinctive de la chanteuse.
D?s le lundi suivant, Rosenblatt rencontre Madonna en compagnie de Mark Kamins dans les bureaux de Sire
Records. La chanson ? Everybody ? ne lui fait pas grande impression, et pourtant, une sorte de prescience lui
souffle qu’il en pr?sence d’une star en puissance. Comme il le fait pour chaque nouvelle artiste qu’il
rencontre, Rosenblatt pose ? Madonna la question rituelle :
– Que d?sirez-vous accomplir ?
– Je veux ?tre ma?tre du monde, l?che Madonna, le sourire aux l?vres.
? C’?tait la meilleure r?ponse possible, ? consid?re r?trospectivement Rosenblatt. ? Ce que l’on recherche chez un artiste, c’est qu’il comprenne que tout cela est un business. Il n’y a rien de hippy dans une telle d?marche. Lancer un chanteur co?te des millions de dollars. ?
En compagnie de Mark Kamins, Michael Rosenblatt se rend ? l’h?pital Lenox Hill, qui se trouve ? proximit? des
bureaux de Sire Records, afin de faire ?couter ? Everybody ? ? son patron, Seymour Stein.
? Cette fille va avoir plus de succ?s qu’Olivia Newton-John ! ? clame Rosenblatt, faisant r?f?rence ? la
chanteuse popularis?e par le film Grease. Stein est imm?diatement t?tanis? par ce qu’il ?coute.
? Lorsque j’ai entendu la d?mo de ‘Everybody’, j’?tais tellement excit? que j’ai dit : je veux la signer
imm?diatement. Je veux que tu l’am?nes ici ? l’h?pital, ? t?moigne Stein.
Kamins r?plique :
– Aucun souci, je peux la faire venir ce soir. Elle veut r?ellement obtenir un contrat !
Une fois qu’il a raccroch? le t?l?phone, Stein se regarde dans le miroir et ce qu’il voit le d?concerte. Il
est v?tu d’une robe d’h?pital avec une incision au niveau du fessier. Ses cheveux sont ?bouriff?s, et depuis
plusieurs jours, il ne s’est ni lav? ni ras?. Stein prend aussit?t les choses en main : il commande un
coiffeur pour lui couper les cheveux, et somme sa secr?taire de lui apporter un pyjama et une robe de chambre.
? Je voulais qu’elle voit quelqu’un qui serait en mesure de l’?pauler durant plusieurs ann?es sur sa carri?re,
pas comme un malade en train de d?p?rir ? l’h?pital ? explique Stein.
Une fois que Madonna se retrouve sur place, Stein d?couvre que tous ces efforts ?taient inutiles. La chanteuse
semble pr?te ? tout pour d?marrer sa carri?re. ? Si j’avais ?t? allong? dans un cercueil et capable de sortir
ma main pour signer un contrat, elle s’en serait content?e, ? a relat? Seimour Stein.
Blagueur, Stein commence par faire marcher Madonna en expliquant qu’il n’a pas l’intention de la signer. Elle
r?plique par un juron.
– C’est bon, je plaisantais, explique alors Stein.
– ? quoi cela vous sert de me faire ce genre de plan ? darde Madonna.
– Pourquoi devrais-je m’en emp?cher, la taquine alors Stein. La chanteuse se d?tend alors et sourit.
Vingt-quatre heures plus tard, le contrat de Madonna est sign?. Il ne porte alors que sur un seul single, ?
Everybody ? coupl? avec ? Ain’t no big deal ? avec une option sur un ?ventuel album. Elle empoche 5 000
dollars au passage, une fortune dans le contexte de ses premi?res ann?es ? New York. Apr?s quatre ann?es de
gal?re, un futur se dessine enfin.
Special thanks to Daniel Ichbiah